Le 30 octobre 2010, l’association Héritage et Mémoire pour Demain a posé une plaque rappelant la disparition du hameau du Tremble au cours de l’avalanche du 21 janvier 1981.

Outre les familles très émues cette cérémonie a rassemblé de nombreux Cuinains. Personne n’ayant oublié cette tragédie.

Le Tremble

La neige était tombée en abondance tout au long de ce mois de janvier 1981.

Tous les Cuinains qui scrutaient quotidiennement le Mont-Cuchet estimaient à quatre mètres la hauteur de neige qui s’était accumulée sur ses pentes, puisque seuls les faîtes des toits des chalets du Prêt étaient encore visibles.

Le 20 janvier, à onze heures un avion à réaction passe le mur du son en survolant la montagne. Aussitôt après, un long grondement sourd jette toute la population dehors car personne ne s’y trompe. On le reconnaît ce bruit, le même qu’en 1978. L’avalanche est descendue.

Depuis le centre du chef-lieu, on ne voit qu’un épais nuage blanc qui enveloppe tout. Même le Châtelet n’est plus visible.

La sirène hurle, la panique est générale, le plan ORSEC est déjà déclenché.

Les pompiers, très vite rassemblés partent, accompagnés par le maire M. Traversaz, son conseil municipal et tous les hommes disponibles.

Le nuage se dissipe. On commence à mesurer l’ampleur du désastre. Quatre coulées énormes se sont engouffrées dans les brèches laissées béantes par l’avalanche de 1978.

La première recouvre Les Côtes-dessous (Simon Viard y réside), le Tremble qui compte quatre habitants : Mme Hélène Viard, son beau-frère Victor Viard, Mme Louise Viard et sa sœur Victorine. Cette avalanche épargne par miracle les Côtes-dessus.

La deuxième viendra jusqu’à la Cense, égratignant au passage le Mollaret. La Troisième passe près du relais de télévision. La quatrième, celle de Barboillon, endommagera la route forestière de Servion, comme en 78.

La route des Côtes est suffisamment dégagée pour permettre aux véhicules de secours de monter. Mais impossible d’accéder aux hameaux sinistrés coupés du monde par des monticules de neige tassée, de rochers, d’arbres enchevêtrés. Il faut des pelles, des pioches et des pics aux sauveteurs pour progresser.

Ceux qui se dirigent vers les Côtes-dessous, voient  la maison de Simon effondrée. Il attend, il est indemne. Il a 85 ans et sera évacué sur les épaules de son petit-neveu Jean-Louis Collomb. Il ne reviendra plus habiter sa maison.

L’équipe qui se fraie un chemin vers le Tremble découvre un sinistre spectacle. Les maisons d’Hélène et de Victor ont disparu. Celle de Louise est à demie effondrée. Les sauveteurs comprennent qu’elle et sa sœur sont en vie, réfugiées dans un coin de la cuisine, où le plafond résiste encore. L’hélicoptère vient les délivrer à 16 heures 30. C’est à ce moment là qu’elles apprennent la mort d’Hélène et de Victor.

La vie du hameau s’est arrêtée définitivement ce 21 janvier 1981.

Si vous êtes passé par là, comme moi, vous avez vu quelques outils dans une grange restée debout, senti une odeur dans une écurie, signes qui attestent si besoin est, que dans ce village on a beaucoup travaillé, beaucoup peiné, et qu’en un instant on a tout perdu, même la vie.

N’oublions pas !

L’association remercie René Collomb qui est à l’initiative de cette commémoration.